Jay-Z-The Black Album

Publié le par Street Poet



Sortie: 14 Novembre 2003
Label: Roc-A-Fella/ Island Def Jam
Producteurs: Just Blaze, The Neptunes, Kanye West, Rick rubin, Eminem, Timbaland, 9th Wonder, DJ Quik, The Buchanans, Aqua, 3H

Le monde de la musique est en émoi. Shawn Carter plus connu sous le nom de scène Jay-Z  a décidé de raccrocher le micro afin de se consacrer pleinement à sa carrière de businessman. Mais pas le temps de s'attrister, il annonce dans la foulée la sortie d'un huitième album en guise de cadeau d'adieu. Mieux cet ultime album devrait couronner une carrière riche et brillante et s'annonce comme un futur classique alors même que le premier titre n'est même pas enregistré. Les rumeurs vont bon train. On parle d'un album monumental sur lequel seront conviés la crême des producteurs du présent comme du passé. Les noms de Marley Marl, Dr. Dre, Timbaland, Swizz Beatz, DJ Premier et autres circulent et l'impatience des fans va grandissante. Premier éléments de reponse avec une publicité parue dans XXL avec un slogan plus qu'allechant "12 songs/ 12 producers" accompagné d'une liste de noms où l'on peut reconnaitre la quasi-totalité des beatmakers avec lesquels il a eu à travailler. On en déduit donc un peu hâtivement que chacun d'entre eux livrera un titre pour ce Black Album attendu dès lors comme le classique ultime. Rendez-vous est provisoirement pris pour le 25 Novembre 2003. Malheureusement les morceaux commencent à fuir sur la toile. et les rumeurs se font de plus en plus inquiétantes. On parle d'un titre avec Nas pour sceller leur reconciliation, d'une production de Lil Jon, de l'éviction de la contribution de Dr. Dre, de l'absence de Primo et autres featurings improbables. Et il faudra plus que les démentis officiels pour les faire taire. Seul confirmation, l'album ne comptera aucun featuring. Afin d'éviter que l'album tout entier ne finisse sur la toile, la sortie est avancée au 14 Novembre.

L'album sort enfin et à la lecture des crédits un sentiment de déception plane. Il n'y a effectivement aucun featuring, Just Blaze, Kanye West et The Neptunes sont bien là, tout comme Timbaland. Pas de trace par contre de DJ Premier, Dr. Dre, Ski ou Swizz Beatz. La surprise vient par contre des présence de 9th Wonder, DJ Quik, Eminem et Rick Rubin qui étaient tout sauf attendus. Paradoxalement c'est sur leurs livraisons que Jay surprend. Moins soulful et jazzy que celles de leurs homologues, les productions des "intrus" séduisent tout de même. 9th Wonder sample pour l'occasion R. Kelly pour livrer un Threat dans le pur style New-Yorkais. Eminem quand à lui se fend d'une prod lourdingue Moment Of Clarity ou Jay-Z aborde ses relations avec son père et la façon dont il a appréhendé son décès avec une sincérité plus que touchante. Mais c'est Rick Rubin qui réalise le braquage de l'album avec el surpuissant 99 Problems. Un titre devenu depuis anthologique avec son instrumental rock sur lequel Hov' peut y aller de ses reflexions. Autres inconnus au bataillon à se distinguer The Buchannans, auteurs du très bon What More Can I Say, occasion pour Jay de revenir sur sa carrière et d'expliquer les raisons de sa retraite.

Vous l'aurez remarqué cet album est moins porté sur l'égotrip que ses prédécesseurs. Jay revient pas mal sur sa carrière, communique ses émotions, rend hommage à ses illustres homologues, ouvre le livre de ses souvenirs et se livre sur sa vie. En mettant sa dextérité lyricale au service du fond, il prouve une bonne fois pour toutes qu'il est plus qu'un moulin à punchlines et qu'il n 'est pas bon qu'à railler ses collègues. L'émotion est d'ailleurs l'une des constantes sur cet album, et ce dès le premier titre December 4th où l'on peut entendre sa mère (rien que ça!) le tout produit de main de maitre par l'orfèvre Just Blaze. Il y évoque sa vocation, son enfance et dédicace ses compagnons de route. Il n'oublie pas non plus de remercier le public, son public sur Encore. Un titre censé marqué son adieu à la scène.  Kanye West est aux manettes pour ce titre fort et récidive avec le sublime Lucifer. Just Blaze lui donnera également l'occasion de revenir une dernière fois sur son parcours et surtout ses réalisations sur le bref mais puissant Public Service Annoucement . Quand à Timbaland il reste égal à lui-même avec un Dirt Off Your Shoulder hypnotique sur lequel Jigga brille de nouveau.

N'allez cependant pas croire que The Black Album est un sans-faute parfait. Il a lui aussi ses quelques titres en déça. out d'abord le terne Change Clothes usiné par des Neptunes peu inspirés dont on ne retiendra au final qu'une seule  phase. Le Justify My Thug de DJ Quik sur lequel il revient sur son passé de dealer ne convainc pas plus sans être foncièrement mauvais. A l'écoute de ces deux contributions on a le sentiment qu'il leur manque quelque chose, le petit son bien placé qui en ferait des titres incontournables. Les Neptunes se reprennent heureusement sur le plus que correct Allure. L'album se conclut en beauté sur My 1st Song titre dédicace où Jay reprend magnifiquement son flow du premier album et se lance dans une émorme dédicace à tous ses proches. Clap de fin sur une aventure rapologique jalonnée de succès et de critiques qui aura fait du petit dealer de Marcy Projects une superstar et l'un des hommes les plus riches des Etats-Unis. Le rideau se baisse et on se prend déjà à regretter qu'il arrête le rap. Heureusement que ce qu'on considérait alors comme son ultime legs nous permettra de ne jamais l'oublier. Pas un classique mais un excellent album de Jay-Z qui se reprend après le disparate Blueprint² et s'impose légende vivante du hip-hop.


17/20

Publié dans Rap US

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